FAIRE DE SA PASSION UN MÉTIER

Après avoir fait le tour du monde des pistes d’athlétisme, j’ai posé mes valises à Paris en 2005 avec mes enfants et j’ai ouvert en 2009 un institut de beauté dans le vingtième arrondissement. S’il est vrai que je me suis vraiment épanouie dans ce métier qui ne m’était pas prédestiné, car j’ai une formation en éducation physique et sportive, et entrainement de haut niveau, j’ai toujours pensé que le métier d’esthéticienne était pour moi plus alimentaire qu’autre chose. Bien sûr qu’ il m’a permis de consolider mes capacités de chef d’entreprise, de bosseuse acharnée toujours en quête de nouveauté, et de coach en rendant les femmes plus belles et plus sereines et surtout un grand sens du contact humain. Mais quelque part, au plus profond de moi, j’ai toujours ressenti un manque, un besoin de m’affirmer autrement, sans jamais savoir comment ni de quoi il s’agissait.

Pendant les sept années passées à diriger de main de fer cet institut, je ne me suis autorisée aucun écart, j’étais hantée par le chiffre, la peur de pas subvenir aux besoins de mes enfants, des fins de mois difficiles que connaissent certainement beaucoup de chefs d’entreprise.

Le plus étonnant c’est que pendant toutes ces années, j’ai toujours passé le moindre temps libre à faire du crochet. Bonnets, écharpes, robes, manteaux, sacs, manteaux pour chien, gants, chaussons, layettes et que sais je encore??? Tout y est passé. J’ai toujours dépensé sans compter quant il s’agit du crochet. De la laine, j’en ai partout et de toutes les couleurs. Plutôt que de vendre les produits de beauté, je venais mes articles dans l’institut.

J’ai ouvert une boutique en ligne, j’ai même fait des salons.

Début 2016, j’ai commencé à sentir de la lassitude, je trainais la patte pour aller travailler, je n’avais plus vraiment la pêche, et surtout je n’arrivais pas à relancer mon activité qui s’étiolait au jour le jour. Ici on appelle cet état déprime, là d’où je viens ce mot n’existe pas. Mieux ça s’appelle la fainéantise.

Un matin morose, au milieu de du mois d’avril, je reçois la lettre des huissiers mandatés par mon bailleur me sommant de me mettre à jour des deux mois d’impayés de loyer. Aussi bizarre que cela puisse paraître, ça a été le déclic. J’avais donné une caution de six mois de loyer, j’arrivais tant bien que mal à être à jour de mes loyers, il n’avait vraiment pas matière à s’inquiéter. Cette lettre pour moi sonnait comme du mépris, comme une insulte, comme une injustice, et en moins de quinze minutes, j’ai décidé de fermer mon institut. En quinze jours, j’ai tout bouclé, sans savoir réellement sur quoi j’allais rebondir. Je sais juste que j’ai eu l’impression de m’être déchargée d’un poids.

J’ai passé deux mois à faire les formalités de fermeture et à vadrouiller, je me sentais libre, légère, vivante. J’ai redécouvert les bienfaits d’être une mère au foyer, je me suis redonnée à la cuisine que j’ai toujours aimé faire et que j’avais un peu délaissé. Je me suis rendue compte que depuis plus de vingt ans, je ne m’étais pas arrêtée une semaine de suite. J’étais toujours par monts et par vaux sans jamais prendre la peine de me poser.

Mais comme dit le dicton, « Chassez le naturel, il revient au galop »

Une fin de matinée, en rentrant de ma séance quotidienne de sport, je m’allonge sur mon lit, la tête à l’envers, je ferme les yeux et comme dans un songe, je les ouvre et au dessus de mon placard, je vois un sac en toile, que j’ai toujours vu et utilisé, mais ce jour là, comme une illumination, j’ai eu une inspiration et j’ai décidé de reproduire ce sac au crochet.

Après plusieurs années à faire du crochet de manière classique et informelle, j’ai succombé à cette passion chaque jour grandissante et dévorante ce jour là et j’ai franchi le cap : FAIRE DU CROCHET MON MÉTIER . Mère de famille et consciente des enjeux d’une telle décision, je ne ménagerai aucun effort pour relever ce grand défi et espère dans un futur proche vous faire partager ma passion et redonner à cet art ancestral ses lettres de noblesse, mais surtout ôter de nos têtes l’idée que crochet rime seulement avec mamie, laine, bonnet, écharpe… Mais peut aussi matcher avec jeunesse, classe, élégance et modernité.

Bientôt un an que je me suis lancée, je n’ai pas chômé, je vous présente nouvelle collection, J’espère que vous aimerez et que vous m’encouragerez dans cette aventure.